Voilà un mot de plus en plus à la mode, un métier de plus en plus prestigieux. Être celui qui sait, celui qui est différent, celui qui a compris, celui qui a changé d'étape… autant de pièges pour l'être humain. Méfiance. Comme tous les phénomènes de mode, celui-ci est orienté vers le profit, rapide et efficace.

Sommes-nous thérapeutes ? En tous cas, nous sommes incapables de guérir quelqu'un de quoi que ce soit, car c’est par lui-même qu’il peut guérir.

Parlons des montagnes. Elles sont étudiées de multiples points de vue. Avec la géographie, leurs emplacements, leurs répartitions, leurs formes sont étudiés… et des cartes sont dessinées. Avec la géologie, des cartes sont dessinées. Avec la météorologie, des cartes sont dessinées. Mais, pour celui qui lance un SOS du milieu d'une montagne et du mauvais temps, mieux vaut qu'un guide de montagne vienne le chercher.

L'expérience d'un guide viendra en parcourant la montagne, même s'il a avantage à avoir étudié les cartes et à connaître le point de vue de ceux qui les ont tracées.
Sans prendre le temps, et souvent le risque, de parcourir une fois de plus une montagne, il ne pourra aider personne. Et s'il se laisse attraper par la tempête et ne prend pas de repères, il se perdra. Et s'il suit seulement les chemins de la carte plutôt que la voix de celui qui l'appelle, il ne le trouvera pas. Et s'il n'a pas la force de rentrer, il se perdra aussi.

Un guide dans les situations humaines et physiques est capable de lire un corps comme une carte de montagne. Il est capable de définir des points de repère dans les témoignages de vie qu'il écoute et de savoir les retrouver sur le corps. Il est capable de donner des orientations à partir de ces points de repère. Il est capable d'accompagner celui qu'il aide jusqu'à une étape, et de rentrer seul.

Si tu vas dans ton jardin et tu creuses un trou assez grand, la pluie viendra et le remplira, des plantes aquatiques se développeront, et des grenouilles vont s'installer. Mais personne ne dira en passant devant ton jardin : " Oh regarde, des grenouilles se sont creusé une nouvelle mare ".

La maladie est une forme de vie qui, comme les autres, se développe là où les conditions lui sont favorables.
" Pourquoi les gens sont-ils malades ? " Voilà une question à laquelle la science semble porter peu d'intérêt, car elle préfère la question : " Comment les gens sont-ils malades ? ". Cette dernière question est importante, car bien des gens mouraient si la science n'interrompait pas le processus de leur maladie.

Toutefois, pour celui qui voit dans l'être humain, un tout indivisible, incluant sa vie et ses actes, l'interruption de la maladie ne signifie pas la guérison. Si les conditions humaines qui ont donné lieu à cette maladie ne sont pas dépassées, si les situations souffrantes n'ont pas été modifiées, alors la maladie se manifestera de nouveau.

Chaque fois qu'un être humain se maintient en situation souffrante, il est en situation de manifester physiquement cette souffrance. Avec ce point de vue, la santé n'est pas l'absence de maladie, mais la capacité à évacuer entièrement la maladie selon un processus naturel. Et cette capacité sera pour chacun en proportion avec sa capacité à reconnaître et à dépasser sa souffrance, à changer dans sa vie les conditions qui produisent sa souffrance.

Pour être réelle et avoir du sens, toute amélioration cherchée dans le physique correspond à une recherche simultanée d'une amélioration dans la vie même de la personne. Car, si celle-ci ne change pas les conditions qui l'ont menée à ce qu'elle est aujourd'hui, avec aussi ses malaises ou maladies, elle ne sera pas en condition de maintenir le mieux-être passager qu'elle éprouvera peut-être, après l'application des techniques. Et, si une technique, forte et efficace, empêche le corps de manifester son malaise de manière identique, il le manifestera d'une autre façon, plus virulente un peu plus tard.

Des personnes, dont les symptômes sont traités les uns après les autres, meurent d'une maladie grave, plus ou moins vieilles, mais sans avoir jamais abordé de face les problèmes vitaux desquels elles souffraient. On dira facilement : " C'est le cancer qui l'a emporté ". Mais on ne dira pas : " Il est mort dans la souffrance de n'avoir pas résolu son problème ".

Tous les gens meurent un jour, mais sont-ils heureux de leur vie ?

Là où la vie se manifeste, nous constatons que la matière et l'énergie s'organisent de façon cohérente. Là où la vie s'absente, la matière et l'énergie se désorganisent. La vie manifeste des forces, organisées en structures, capables de mobiliser matière et énergie. Ce sont ces forces que nous étudions, car si leur structure est harmonieuse, la vie peut progresser. Sinon, c'est que la vie régresse.

Certaines de ces forces sont palpables avec une main sensible. Et à travers elles, il est possible de proposer au corps et à l'être humain vivant, des échanges qui produiront des adaptations et des changements positifs.

Heureusement, les êtres humains peuvent utiliser leur corps, sans en connaître les détails anatomiques. Ils peuvent attraper un objet, sans connaître les os et les muscles du bras. Ils peuvent manger, sans savoir comment une pomme alimente leurs pieds.
Le plus simple au départ est d'adopter la même attitude confiante. Le corps saura comment se mobiliser et saura comment utiliser ce qu'il reçoit.

Et plus tard, malgré nos connaissances, nos techniques et nos expériences, la même attitude devra toujours être prioritaire, car nous pouvons proposer à une personne beaucoup de choses, mais elle saura toujours mieux que nous, ce dont elle a besoin dans l'instant et sa réaction sera sa réponse.
Aucune science, ni art n'ont connaissance d'un être humain dans son ensemble et pourtant les êtres humains existent. Et c'est pourquoi la manière d'exister de chacun mérite plus d'attention que la science, qui devrait se nourrir et progresser de cette attention. Nous croyons que celui qui étudie sincèrement les êtres humains sera un éternel débutant.